Critique : Borderlands

Date de sortie
7 août 2024
Réalisation
Eli Roth
Casting
Cate Blanchett, Kevin Hart, Jamie Lee Curtis...
Durée
1h40
Genre
Action, Science-Fiction
Nationalité
États-Unis

Synopsis

« Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d’Atlas, l’homme le plus puissant (et le plus méprisable) de l’univers. Pour y arriver Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tina ; Tannis , une scientifique fantasque ; et Claptrap, un robot très bavard. Ensemble, ces héros improbables vont devoir affronter les pires espèces extraterrestres et de dangereux bandits pour découvrir les secrets les plus explosifs de Pandore. Basé sur l’une des franchises de jeux vidéo les plus vendues de tous les temps, bienvenue à BORDERLANDS ! »

Copyright SND

Adapté du célèbre jeu vidéo éponyme, Borderlands avait tout pour surfer sur la réussite des récentes adaptations de jeu-vidéo (Super Mario Bros, The Last of Us, Fallout…) : un univers foisonnant, un casting prestigieux, le matos était là, il n’y avait plus qu’à se servir. Pourtant, force est de constater que le film s’inscrit déjà parmi les grands échecs de l’industrie hollywoodienne. Il s’agit d’un échec si complet qu’il soulève de nombreuses questions sur ce qui a mal tourné et pourquoi un tel projet a été mené à terme malgré tous les signes avant-coureurs.

Dès le départ, la production de Borderlands a été marquée par un sacré lot de complications. Initialement confié à Eli Roth, réalisateur connu pour ses incursions dans l’horreur avec des films comme Hostel, le projet a emprunté un virage glissant lorsque Roth a quitté la production, laissant la place à Tim Miller (Deadpool) pour superviser les reshoots. Cette transition de style, couplée à un scénario écrit par huit scénaristes différents, a produit un film visuellement incohérent et narrativement décousu. La sortie du film, initialement prévue pour 2022, a été repoussée à 2024, une période pendant laquelle Borderlands a accumulé une réputation de “futur navet” que les producteurs auraient préféré voir enterrée.

Le scénario de Borderlands est un véritable champ de mines, où chaque scène semble porter les stigmates d’une gestation chaotique. Ce qui aurait dû être un film d’aventure spatiale trépidant et amusant se transforme en un puzzle incohérent. Les personnages, malgré un casting de choix comprenant notamment Cate Blanchett, Jamie Lee Curtis, et Kevin Hart, ne dépassent jamais le stade de caricatures grotesques. Blanchett et Curtis, toutes deux semblant faire simplement acte de présence, sont reléguées à des rôles qui n’exploitent en rien leur immense talent, les réduisant à des figures stéréotypées sans profondeur.

Le choix de Kevin Hart pour incarner Roland, un personnage clé du jeu vidéo connu pour sa brutalité et son évolution vers une sauvagerie croissante, est particulièrement déconcertant. Hart, avec son physique frêle et son jeu souvent orienté vers la comédie, ne parvient jamais à incarner la menace ou la complexité de son personnage, transformant ce qui aurait pu être un héros torturé en une figure comique involontaire.

Copyright SND

Visuellement, le film est un échec ahurissant. Alors que l’univers de Borderlands est réputé pour ses décors désertiques et post-apocalyptiques inspirés des déserts de Mad Max, le film ne parvient jamais à capturer cette essence. Les paysages sablonneux et les environnements extraterrestres sont gâchés par des CGI mal finalisés, donnant à l’ensemble une apparence artificielle et peu convaincante. L’autre problème majeur de ce Borderlands est son manque flagrant d’originalité. Le film semble se contenter de recycler des idées et des esthétiques déjà vues ailleurs, sans jamais parvenir à les intégrer de manière cohérente ou novatrice, la dynamique d’équipe rappellant évidemment Les Gardiens de la Galaxie ou Suicide Squad.

Le film échoue également à capturer l’essence ludique du jeu vidéo original. L’une des forces de Borderlands en tant que jeu vidéo, reste son gameplay dynamique et son humour noir décalé, des éléments qui sont totalement absents du film. Le manque d’effort pour transposer cette expérience ludique à l’écran laisse le spectateur, qu’il soit gamer ou cinéphile, avec un sentiment de déconnexion et de frustration. Les quelques tentatives d’humour paraissent forcées et décalées par rapport au ton général du film, qui oscille maladroitement entre une comédie mal calibrée et un film d’action sans relief.

À qui s’adresse donc Borderlands ? Cette question reste sans réponse après visionnage. Les fans du jeu vidéo seront déçus par cette adaptation bâclée qui trahit l’esprit de la franchise tandis que les cinéphiles, même les plus indulgents, trouveront peu de choses à sauver dans ce long-métrage qui ne parvient ni à divertir, ni à captiver.

En fin de compte, Borderlands rejoint la longue liste des adaptations de jeux vidéo qui ont échoué à capturer l’essence de leur matériau d’origine. C’est un film qui, malgré des ressources considérables et un talent potentiel, s’effondre sous le poids de ses propres ambitions mal placées. Sa production chaotique, son scénario incohérent, son manque d’originalité et sa direction artistique défaillante en font un contre-exemple parfait de ce que le cinéma peut produire lorsqu’il est déconnecté de sa source d’inspiration et de son public.

Critique : Borderlands
Conclusion
Borderlands, avec son casting gaspillé et ses idées mal exploitées, n’est ni un divertissement efficace ni une œuvre mémorable. Il se pose ainsi comme une véritable régression pour Hollywood : adapter un jeu vidéo ne se résume pas à transposer des personnages et des décors à l’écran. Il faut comprendre et respecter ce qui fait l’âme d’un jeu pour espérer en faire une expérience cinématographique réussie.
Pour
Contre
Un projet chaotique qui se ressent tout au long du film
Des CGI désastreux
Un casting désintéressé
Une adaptation de jeu-vidéo qui coche toutes les cases de la fausse bonne idée
1.5