Critique : Boléro

Date de sortie
6 mars 2024
Réalisation
Anne Fontaine
Casting
Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos, Vincent Perez...
Durée
2h00
Genre
Biopic
Nationalité
France

Synopsis

« En 1928, alors que Paris vit au rythme des années folles, la danseuse Ida Rubinstein commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. Tétanisé et en panne d’inspiration, le compositeur feuillette les pages de sa vie – les échecs de ses débuts, la fracture de la Grande Guerre, l’amour impossible qu’il éprouve pour sa muse Misia Sert… Ravel va alors plonger au plus profond de lui-même pour créer son oeuvre universelle, le Bolero. »

Avec Coco avant Chanel (2009) ou plus récemment Présidents (2021), Anne Fontaine a toujours été intéressée par la personnalité de figures bien réelles, complexes et bien souvent particulièrement rudes à porter à l’écran. Avec Boléro, Anne Fontaine ambitionne de nous immerger dans le génie créatif de Maurice Ravel, l’esprit brillant derrière l’une des pièces les plus emblématiques de la musique classique. Le film nous dévoile les secrets de la création du Boléro, cette mélodie entêtante qui transcende les genres et les époques, comme le dépeint cette introduction composée d’images réelles, où le Boléro dépasse les frontières musicales pour s’inviter dans des univers aussi différents que le rock, le métal, ou encore la musique orientale. Le chef-d’œuvre de Ravel, joué une fois toutes les 15 minutes dans le monde, est un véritable monument de l’art, un air universellement connu pour sa capacité à envoûter et captiver chaque personne qui l’écoute. Le défi était donc de taille.

En choisissant de centrer son récit autour de la genèse de cette partition, Fontaine s’attaque à un défi de taille : retranscrire à l’écran la complexité de la quête artistique, l’angoisse de la création, et l’éclat de génie nécessaire à l’éclosion d’une œuvre destinée à marquer l’histoire. Tour à tour, le film explore la persévérance de Ravel face aux obstacles (artistiques et sociaux) et son rapport tumultueux avec son propre talent.

Mais à mesure que le fil narratif de Boléro s’écoule, nos attentes sont peu à peu revues à la baisse, le film peinant à s’élever au-dessus des clichés narratifs du biopic. Anne Fontaine, sans commettre de véritables faux pas, livre une œuvre qui, paradoxalement, imite la structure répétitive du Boléro sans en capturer l’essence évocatrice. La répétition des mêmes motifs – l’insaisissable quête d’inspiration, les affres de la création, et la solitude du génie –, loin d’illustrer la grandeur de l’entreprise artistique de Ravel, sert malheureusement à en diluer l’impact. Au lieu de s’immerger dans l’intimité d’un esprit en ébullition, la caméra de Fontaine reste continuellement en surface, sans jamais nous offrir de véritables moments de bravoures.

Certes, le film n’est pas dénué de moments captivants, notamment dans de rares scènes où la musique prend véritablement vie, où l’on perçoit l’impact du Boléro sur l’audience de l’époque. Ces courts instants, où le génie de Ravel semble enfin palpable, contrastent fortement avec le reste du long-métrage, souvent plongé dans une atmosphère de contemplation stérile.

L’interprétation toute en retenue de Raphaël Personnaz en Maurice Ravel met très justement en lumière la solitude inhérente au processus créatif, ainsi que la persévérance et la rigueur avec lesquelles Ravel s’attache à son œuvre. Personnaz, grâce à une subtile gestuelle et à une intensité émotionnelle contenue, communique efficacement l’intériorité d’un artiste passionnant. Malgré la solidité de sa performance, il se trouve trop souvent limité par un scénario qui peine à offrir à son personnage l’arc de développement le plus pertinent. Reste alors Doria Tillier, interprétant Misia Sert, qui nous offre une prestation tout aussi captivante. Son rôle en tant que muse de Ravel apporte une grâce et une présence magnétique à l’écran. La relation platonique entre les deux personnages apportent quelques moments d’une rare beauté, mais bien trop timides pour nous sortir de notre ennui.

Le Boléro d’Anne Fontaine reste une symphonie inachevée. Le film devait être le portrait complexe de l’un des compositeurs les plus connus de l’Histoire. Au lieu de cela, il n’est qu’une proposition convenue dont les notes, bien que jouées avec passion, peinent à composer une mélodie aussi mémorable que le rythme incessant du chef-d’œuvre de Ravel.

Critique : Boléro
Conclusion
Le Boléro d'Anne Fontaine reste une symphonie inachevée. Le film devait être le portrait complexe de l'un des compositeurs les plus connus de l'Histoire. Au lieu de cela, il n'est qu'une proposition convenue dont les notes, bien que jouées avec passion, peinent à composer une mélodie aussi mémorable que le rythme incessant du chef-d’œuvre de Rav
Pour
Le beau duo Personnaz-Tillier
Quelques scènes musicales emballantes
Contre
Un biopic bien trop convenu
2 heures d'un long-métrage bien trop indigeste
2.5