Synopsis
« Après trois aventures dans lesquelles le guerrier dragon Po a combattu les maîtres du mal les plus redoutables grâce à un courage et des compétences en arts martiaux inégalés, le destin va de nouveau frapper à sa porte pour … l’inviter à enfin se reposer. Plus précisément, pour être nommé chef spirituel de la vallée de la Paix. Cela pose quelques problèmes évidents. Premièrement, Po maîtrise aussi bien le leadership spirituel que les régimes, et deuxièmement, il doit rapidement trouver et entraîner un nouveau guerrier dragon avant de pouvoir profiter des avantages de sa prestigieuse promotion. Pire encore, il est question de l’apparition récente d’une sorcière aussi mal intentionnée que puissante, Caméléone, une lézarde minuscule qui peut se métamorphoser en n’importe quelle créature, et ce sans distinction de taille. Or Caméléone lorgne de ses petits yeux avides et perçants sur le bâton de sagesse de Po, à l’aide duquel elle espère bien pouvoir réinvoquer du royaume des esprits tous les maîtres maléfiques que notre guerrier dragon a vaincu. Po va devoir trouver de l’aide. Il va en trouver (ou pas ?) auprès de Zhen, une renarde corsac, voleuse aussi rusée que vive d’esprit, qui a le don d’irriter Po mais dont les compétences vont s’avérer précieuses. Afin de réussir à protéger la Vallée de la Paix des griffes reptiliennes de Caméléone, ce drôle de duo va devoir trouver un terrain d’entente. Ce sera l’occasion pour Po de découvrir que les héros ne sont pas toujours là où on les attend. »
Grande nouvelle : c’est le retour de Kung Fu Panda, la célèbre franchise de la maison DreamWorks qui aurait pu ( et qui aurait dû) rester une trilogie réjouissante, avec notamment deux premiers volets particulièrement réussis. Mais non, Kung Fu Panda 4 débarque, sous la houlette de Stephanie Stine et Mike Mitchell, DreamWorks tentant de nous convaincre que nous avions tous, quelque part au fond de nous, une envie dévorante de revoir Po, le panda le plus maladroit mais néanmoins le plus attachant de l’animation.
Après un passage mitigé sur Netflix avec La Nuit d’Orion et une indifférence polie pour Les Trolls 3, DreamWorks ressort une figure familière en misant à nouveau sur son panda préféré. Malgré la tiède réception de ses dernières productions, le studio américain parie à nouveau sur la nostalgie et l’affection de son public pour cette franchise, espérant réitérer le succès financier des opus précédents (la saga ayant pour l’instant accumulé 1,8 milliard de dollars au box-office mondial). Et pourtant, malgré une entrée impressionnante au box-office, Kung Fu Panda 4 peine à justifier son existence, à la fois comme continuation de l’histoire de Po et comme œuvre cinématographique à part entière.
Dans cet opus, Po est confronté à une crise de succession, hésitant à nommer un remplaçant en tant que Guerrier Dragon. Ce point de départ aurait pu offrir une conclusion touchante et satisfaisante au parcours du panda le plus topissime du grand écran. Mais le film se perd en chemin, optant pour un buddy movie qui recycle les mêmes ressorts humoristiques et narratifs éculés des précédents opus, sans apporter de nouveauté ni de profondeur à l’univers déjà bien établi de la saga.
Au cœur de ce désert créatif, le scénario de Kung Fu Panda 4 cherche désespérément un fil conducteur capable de redonner du souffle à une saga essoufflée depuis un troisième volet déjà bien en-dessous des deux premiers. Parmi les nouveautés, Zhen, une renarde intrépide, se présente comme la rare prise de risque du film. Malgré tout, le potentiel du personnages est rapidement gâché par un traitement superficiel. Sa complexité et son histoire, qui auraient pu enrichir le récit et offrir de nouvelles perspectives, sont effleurées avec beaucoup trop de légèreté et de naïveté pour susciter un intérêt quelconque chez le spectateur.
Avec un budget resserré à 85 millions de dollars, considérablement inférieur à ceux des chapitres précédents, le film se trouve piégé dans un cadre où l’économie prime sur l’ambition créative. Et une chose est sûre : cette réduction du portefeuille a eu des répercussions évidentes sur divers aspects du film.
L’absence des Cinq Cyclones du récit principal est l’une des conséquences les plus flagrantes et regrettables de ces restrictions budgétaires. Ces personnages, jadis pilier central de l’univers de Kung Fu Panda et chers au cœur des fans, sont relégués au rang de simples caméos en marge de l’histoire. Leur réapparition tardive et muette lors du générique de fin, probablement motivée par des considérations financières liées aux coûts de casting vocal (Angelina Jolie, Jackie Chan…), ne fait qu’accentuer notre frustration.
Cette tendance à l’économie se manifeste également dans le traitement des antagonistes du film. L’idée de faire revenir des méchants emblématiques des opus précédents aurait pu offrir une riche toile de fond pour le développement de l’intrigue et des personnages. Pourtant, ce qui promettait d’être une réunion mémorable se transforme rapidement en une parade d’ombres sans vie. Leur utilisation réduite à des caméos inutiles et inintéressants trahit non seulement un manque d’audace scénaristique mais reflète également les limites imposées par le budget. Ces retours, loin d’enrichir le récit, semblent n’être qu’une tentative superficielle de capitaliser sur la nostalgie des fans, sans offrir de véritable substance ou d’enjeux à l’histoire.
Avec une intrigue qui peine à innover et des personnages secondaires sous-exploités, Kung Fu Panda 4 semble plus être un produit du désespoir créatif et financier de DreamWorks qu’une œuvre destinée à enrichir ou conclure dignement la saga. La magie et l’émotion qui animaient les aventures de Po semble s’être dissipée, laissant place à une formule édulcorée et prévisible, qui, malgré quelques tentatives de renouveau, finit par découler sur le syndrome à priori inévitable de la suite de trop.