FFA 2024 : Le palmarès de Silence Plateau

Silence Plateau a couvert le Festival du Film Francophone d’Angoulême 2024 durant l’intégralité de l’événement. L’heure est donc d’établir le palmarès, et de décerner le prestigieux Valois de diamant (l’équivalent de la Palme d’or).

Palmarès de Silence Plateau

Palmarès du jury

  • Valois de diamant : Vingt Dieux (Louise Courvoisier)
  • Valois de la mise en scène : À bicyclette ! (Mathias Mlekuz)
  • Valois de l’actrice : Mylène Mackay (Dis moi pourquoi ces choses sont si belles)
  • Valois de l’acteur : Marco Luraschi (Lads)
  • Valois du scénario : Le Procès du chien (Laetitia Dosch et Anne-Sophie Bailly)
  • Valois de la musique : À bicyclette ! (Pascal Lengagne)
  • Valois du public : À bicyclette ! (Mathias Mlekuz)
  • Valois des étudiants francophones (décerné par le jury des étudiants francophones) : Vingt Dieux (Louise Courvoisier)
  • Valois René Laloux du meilleur court-métrage : Les Nœuds du Destin (Déborah Chang)

Valois de diamant : À bicyclette ! (Mathias Mlekuz)

Copyright Emmanuel Guimier

À bicyclette, c’est le gros coup de cœur de la compétition. Bien plus qu’un simple récit de voyage c’est une œuvre profondément personnelle pour le réalisateur, née de la douleur et de la quête de sens après la perte de son enfant. Mathias Mlekuz, réalisateur et comédien, nous livre ici une œuvre cathartique, un périple à travers les paysages européens qui devient un miroir de son propre cheminement intérieur.

Portée par une réalisation qui sait se faire discrète pour mieux laisser place aux émotions et à l’improvisation, À bicyclette est une invitation à poursuivre son chemin, à ne pas rester immobile face à la douleur, et à trouver dans l’amitié une force capable de nous porter plus loin que nous ne l’aurions imaginé.

À bicyclette ! est le Valois de diamant de Silence Plateau, et à coup sûr, un futur beau succès en salles.

Valois de la mise en scène : Rabia (Mareike Engelhardt)

Copyright Films Grand Huit

Après huit ans de travail, Mareike Engelhardt marque un grand coup avec Rabia. Inspiré par des années de rencontres avec des jeunes filles revenues de Raqqa, en Syrie, et enrichi de témoignages saisissants, ce film n’est pas un simple documentaire. Rabia est profondément ancrée dans la réalité, qui nous transporte dans une “maison” où des jeunes filles du monde entier sont embrigadées, pour devenir les épouses de djihadistes. Un lieu dirigé par une “Madame“, figure centrale de ce sinistre projet de reproduction d’une nouvelle génération de combattants.

Mareike Engelhardt aborde donc un sujet extrêmement délicat, mais avec une maîtrise absolument remarquable. Sans tomber dans le sensationnalisme, sa mise en scène nous expose une réalité terrifiante, celle du conditionnement de ces jeunes filles. Véritable claque, Rabia est sans doute le long-métrage le plus abouti de la compétition.

Valois de l’actrice : Megan Northam (Rabia)

Copyright Films Grand Huit

Inévitablement, Rabia trouve sa puissance dans la performance exceptionnelle de son actrice principale. Meghan Northam, dans le rôle de Jessica, livre une prestation bouleversante. Elle incarne cette jeune fille perdue avec une intensité magnétique. Son évolution tout au long du film, passant de l’innocence à la résignation, est rendue avec une subtilité et une authenticité rares, ce qui ne peut qu’être salué (et récompensé !).

Valois de l’acteur : Mathias Mlekuz et Philippe Rebbot (À Bicyclette !)

Copyright Emmanuel Guimier

Petite tricherie pour cette catégorie. En effet, Silence Plateau a choisi de récompenser non pas un, mais deux acteurs. Et ce choix est venu assez naturellement, tant À bicyclette ! se distingue non seulement par la profondeur de son sujet, mais surtout par l’extraordinaire performance de ses deux acteurs principaux, Mathias Mlekuz et Philippe Rebbot. Ce film, qui pourrait facilement tomber dans le pathos ou le surjeu, trouve son équilibre grâce à l’authenticité et à la justesse de ce duo d’acteurs, dont l’alchimie est le véritable cœur de l’œuvre.

Mathias Mlekuz et Philippe Rebbot livrent des performances d’une sincérité désarmante, faisant de ce voyage à vélo une véritable exploration des émotions humaines. Leur alchimie à l’écran transforme cette histoire de deuil et de résilience en une œuvre profondément touchante, où l’amitié et l’amour familial prennent toute leur importance.

Valois du scénario : Vingt Dieux (Louise Courvoisier et Théo Abadie)

Copyright Pyramide Distribution

La compétition terminée, une chose est tout de suite devenue une évidence : peu importe la concurrence, Vingt Dieux ne pouvait pas repartir les mains vides. Le film suit l’histoire de Totone, un jeune homme de 18 ans dont la vie bascule brusquement après la mort de son père, et qui décide de se lancer dans la fabrication de comté pour subvenir aux besoins de sa famille.

Vingt Dieux transpire d’une grande sincérité et d’une indéniable authenticité. Louise Courvoisier, pour son premier long-métrage, parvient à capturer la beauté et la dureté de la vie rurale avec un regard tendre mais lucide. Porté par des acteurs non-professionnels qui apportent une vérité brute à l’écran, le film est une ode à la résilience et à l’amour familial, enveloppée dans une métaphore fromagère aussi poétique qu’inattendue.

Valois de la musique : Dis moi pourquoi ces choses sont si belles (Viviane, Robin-Joël, Alexis Audet, Cool et Martin)

Copyright Les Films Opale

Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles est un film qui, malgré ses qualités indéniables, notamment dans sa reconstitution historique et sa photographie, échoue à véritablement captiver. La décision d’intégrer une mise en abyme contemporaine contribue notamment à cette déception.

Néanmoins, le film dispose d’une atmosphère visuelle poétique bienvenue, afin de ponctuer les échanges épistolaires entre les deux protagonistes. La musique (composée par Viviane, Robin-Joël, Alexis Audet, Cool et Martin) contribuant grandement à cette atmosphère enchanteresse du long-métrage, il était donc logique de récompenser le film de Lyne Charlebois.

Valois du court-métrage d’animation : Au 8e Jour (Agathe Sénéchal, Alicia Massez et Elise Debruyne)

Copyright Les Films Opale Agathe Sénéchal, Alicia Massez et Elise Debruyne

Le synopsis parle de lui-même : « Il a fallu 7 jours pour créer le monde, il n’en aura fallu qu’un pour bouleverser son équilibre ». Conçu en animation 3D dans un style doudou rembourré, le court-métrage d’Agathe Sénéchal, Alicia Massez et Elise Debruyne dépeint une faune reliée à un cœur, qui va progressivement être corrompue par la noirceur des Hommes pollueurs. Une thématique maintes fois traitée au cinéma, mais qui prend ici une dimension toute particulière grâce à un travail minutieux à l’aide de pelotes de laine.

Sublimé par la musique angoissante et prenante de Thomas Peyrounette, Au 8e jour est un véritable travail d’orfèvre qui mérite d’être partagé.