Critique : Ferrari

Date de sortie
8 mars 2024
Réalisation
Michael Mann
Casting
Adam Driver, Penélope Cruz, Shailene Woodley...
Durée
2h10
Genre
Biopic, Drame
Nationalité
États-Unis
Plateforme
Amazon Prime Vidéo

Synopsis

« C’est l’été 1957. Derrière le spectacle de la Formule 1, l’ancien coureur Enzo Ferrari est en crise. La faillite menace l’usine que lui et sa femme, Laura, ont construite à partir de rien dix ans plus tôt. Leur mariage instable a été ébranlé par la perte de leur fils, Dino, un an plus tôt. Ferrari a du mal à reconnaître son fils Piero avec Lina Lardi. Pendant ce temps, la passion de ses pilotes pour la victoire les pousse à la limite alors qu’ils se lancent dans la périlleuse course de 1 000 miles à travers l’Italie, la Mille Miglia. »

L’arrivée de Ferrari sur Amazon Prime Vidéo, après avoir pointé le bout de son nez à la dernière Mostra de Venise, provoque un engouement particulier chez les cinéphiles et les admirateurs de Michael Mann. Après l’échec commercial de son Hacker en 2015, Michael Mann (Heat, Collateral) avait déserté nos écrans, nous laissant dans l’attente inespérée de son retour. C’est donc avec Ferrari que Mann rompt le silence, un projet qui lui tient à cœur depuis de longues années (il a notamment été producteur délégué sur Le Mans 66 de James Mangold).

Pour son premier film de plateforme, Mann plonge dans l’année 1957, une période charnière dans la vie d’Enzo Ferrari, marquée par des épreuves personnelles et professionnelles déterminantes. Loin d’être un énième film de « bagnoles », Ferrari révèle toute la complexité d’un homme confronté à ses propres démons, à la fois innovateur et prisonnier de ses passions.

Ferrari est hanté par l’ombre de la mort, qui imprègne chaque séquence du film. Michael Mann, avec une forte sensibilité, tisse autour du personnage d’Enzo Ferrari, interprété avec intensité par Adam Driver, un récit profondément marqué par les pertes et le deuil. Cette présence constante de la mort n’est pas seulement un rappel des risques inévitables du sport automobile, mais elle devient un personnage à part entière, hantant les décisions d’Enzo, ses relations et ses ambitions.

Chaque course, chaque innovation technique, semble être une tentative de défier le temps et la mortalité, de laisser une empreinte durable au-delà de la vie elle-même. Les voitures, à la fois cercueils potentiels et chefs-d’œuvre d’ingénierie sont le parfait exemple de cette ligne étroite que Ferrari et ses pilotes parcourent, entre la gloire et la mort.

En se concentrant davantage sur les dynamiques personnelles et les dilemmes moraux de sa passionnante mosaïque de personnages (Penélope Cruz et Shailene Woodley volent presque la vedette à Adam Driver) plutôt que sur l’excitation des courses automobiles, Ferrari s’écarte de la formule habituelles des films de bolides (comme Le Mans 66, cité plus haut) pour embrasser une narration plus profonde et réfléchie. Ce parti pris, bien que forcément radical, souligne l’ambition de Mann de transcender les attentes du genre pour offrir sa propre vision de l’écurie italienne et de la figure qui l’incarne.

Avec son approche délibérément intime, et empreint d’un inhabituel classicisme, Ferrari va inévitablement diviser son public. Les fans de la première heure du cinéma de Mann pourront ressentir une certaine déception face à ce virage vers un classicisme plus prononcé. Ce sentiment pourrait être accentué par une certaine attente de retrouver une partie plus nerveuse du cinéma de Mann, qui semble ici laisser place à une étude de caractère plus posée et introspective. Parallèlement, les passionnés de voitures de course et d’action pourraient également trouver le temps long, face à un film plutôt bavard.

Les fans de course automobile pourront néanmoins trouver leur bonheur dans la séquence finale du film, qui retrace la mythique course des Mille Miglia de 1957, assurément la séquence la plus réussie du film. Michael Mann capture parfaitement l’essence de la vitesse et la tension à l’issue dramatique. Cet épilogue d’environ 1h, est un véritable bijou visuel et sonore où la maîtrise technique de Mann atteint son apogée. Grâce à une mise en scène brillamment nerveuse, chaque tour de piste, chaque frôlement de la mort, est ressenti avec une intensité palpable, plongeant le spectateur au cœur d’une expérience presque physique. L’utilisation astucieuse de la caméra couplée à des plans de drones, combinée à un montage serré, crée une immersion totale dans l’univers impitoyable et ultra compétitif de la course automobile.

Quel bien étrange objet cinématographique que ce Ferrari de Michael Mann. Petit bijou technique et visuel lors de son épilogue de presque 1h, le film paraît néanmoins plus classique lorsqu’il s’intéresse à l’évolution de ses personnages. Néanmoins, ce biopic reste une belle réussite, que l’on regrette déjà d’avoir découvert sur petit écran.

Critique : Ferrari
Conclusion
Quel bien étrange objet cinématographique que ce Ferrari de Michael Mann. Petit bijou technique et visuel lors de son épilogue de presque 1h, le film paraît néanmoins plus classique lorsqu'il s'intéresse à l'évolution de ses personnages. Néanmoins, ce biopic reste une belle réussite, que l'on regrette déjà d'avoir découvert sur petit écran.
Pour
Le casting (Adam Driver, Penélope Cruz, Shailene Woodley notamment) est particulièrement impliqué
La course des Mille Miglia est un véritable tour de force
Un portrait passionnant de Enzo Ferrari
Contre
Un biopic plutôt classique
L'expérience filmique est clairemment affaiblie sur petit écran
3.5